Il avait tenu parole. Après leur dernière rencontre aux Trois Balais, il n’avait pas cherché à la revoir. Il l’avait même évité afin qu’elle puisse reprendre le cours de sa vie normale, avant qu’il n’arrive. Il pensait de plus en plus à quitter le pays à la fin de l’année, malgré le fait qu’il lui ai promis de rester. La guerre se préparait, mais il ne savait pas comment aider, si c’était son rôle, ou si sa place était en Amérique. En fait il n’avait plus envie de rien. La nourriture n’avait plus de goût, le sommeil ne le reposait pas, les jours se ressemblaient, fades, longs, gris. L’hiver ne terminait pas, les attaques redoublaient d’intensité et tout le monde était tendu. Il rêvait d’un été en Floride, au Mexique... Mais surtout il rêvait d’elle. À toute heure du jour, de la nuit, il la cherchait du regard et quand enfin il voyait une mèche de ses cheveux bruns il filait dans l’autre sens. Il ne trouvait plus le sommeil, repensant sans cesse à son visage sur l’oreiller, son sourire, ses lèvres, son bras tâtant le vide désespérément. Il s’endormait parfois en cours, quand son regard restait fixe trop longtemps, perdu dans ses pensées. Même sa magie lui jouait des tours, il avait commencé à rater des sortilèges en classe, il était certain que son patronus était un chien auparavant et pas un lapin, et une rumeur disait qu’il avait perdu un proche, menant les élèves à lui apporter des petits mots d’encouragement alors qu’eux mêmes étaient dans une situation peu enviable.

Il devenait fou, mais espérait le cacher au moins à elle, se disant que c’était pour son bien. Il ne la voyait qu’aux repas et aux réunions, où il s’asseyait loin d’elle et la regardait que quand elle regardait ailleurs. Au début il pensait qu’elle était simplement attristée comme lui. Mais le temps passait et elle n’avait pas l’air d’aller mieux. Il voyait qu’elle tentait de le masquer, il voyait le maquillage sur ses cernes, un soir il jura même avoir vu une trace de coup sur son bras. Il acquit la certitude que quelque chose se tramait, qu’elle n’allait pas bien, et il ne laisserait personne lui faire du mal, que ce soit sa famille ou un autre. Il commença à la surveiller discrètement, notant ses allers et retours et il était certain que quand elle faisait mine de s’enfermer dans son bureau elle allait ailleurs. Un soir il la vit sortir de la tête de sanglier en boitant alors qu’elle était censé être au château. Il avait fini par décider de la confronter à ce sujet, et peu importe si ça ne le concernait pas. Alors il alla attendre derrière la Tête de Sanglier, bravant le froid, prêt à revenir tous les soirs jusqu’à ce qu’il tombe sur elle et qu’il comprenne ce qu’elle lui cachait qui la rendait si fatiguée.

Ses journées étaient passées de difficiles à infernales depuis qu'il avait décidé qu'il ne pouvait plus être son ami. La douleur qui étreignait son Coeur était trop forte et l'empêchait de respirer. Les jours se ressemblaient tous et aucun ne lui donnait envie de se lever. Elle voulait le voir, elle avait besoin de le voir. Tout son être le réclamait et il lui semblait que ça ne s'arrêterait pas.

Puis un jour, Gideon lui apporta la solution. Une idée suicidaire et carrément illégale, quelque chose qui demandait du temps et du sacrifice. Une juste cause qui lui demanderait d'investir tout ce quelle avait. Alors elle l'avait fait. Son pitoyable niveau de préparation exigeait qu'elle entrainât pendant des heures et des heures le niveau des garçons le confirmait. Alors elle le faisait. Pendant ce temps là. Elle ne pendait plus a lui, mais uniquement a la twche qui les attendaient, a la promesse qu'ils s'étaient faite.

Ce soir-là, comme tous les soirs, elle quittait la tete de sanglier. Épuisée, Gideon entourait ses épaules de ses bras pour la soutenir. "Tu dois te calmer, Ivy. Ton corps ne suivra bientôt plus et je ne veux pas être responsable de ça." Elle grimaca, calant encore plus confortablement sa tete contre lui. "Silence. Tu sais que je dois améliorer mon niveau, sinon je ne ferai jamais le poids." Il ne dit rien et la lâcha. "Repose toi ou ton père me tuera." Cela lui arracha un sourire alors qu'il lui posa un bisou sur le front et qu'il transplana. Elle lâcha dans un souffle. "Mon père nous tuerait tous s'il savait."

Cela faisait près de deux heures qu'il attendait dans le froid. Ses pieds étaient gelés, ses mains enfouies sous ses aisselles, et son visage caché sous sa capuche et derrière son écharpe. Il commençait à se demander s'il n'était pas définitivement devenu fou à attendre comme ça. Il était censé l'éviter. Mais l'inquiétude finissait toujours par prendre le pas. Enfin il entendit la porte s'ouvrir et écouta la conversation de loin. Il ne voyait pas à qui elle parlait mais il soupçonnait fortement le fameux Gideon. Dans quoi elle s'était fourrée qui demandait autant d'effort physique et qui était si dangereux? En entendant le pop du transplanage, il s'approcha. "S'il savait quoi?"

Elle sursauta, ne attendant pas à le trouver là. Son corps était endolori, épuisé et elle n'était pas prête à ça.elle n'avait pas non plus envie de faire ça maintenant. Elle le regarda, sans tout à fait comprendre. "Oh, Andrew. Que faites vous là?

"Je vous attendais. J'espérais que vous pourriez m'expliquer pourquoi vous passez des heures à la Tête de Sanglier tous les soirs qui vous laisse aussi épuisée toute la journée." Il ne cherchait pas à se montrer accusateur mais juste à comprendre "Et au passage, si c'est vraiment si dangereux, vous devriez mieux masquer vos déplacements."

Elle savait qu'il ne pouvait pas être mis au courant. Son esprit de héros le pousserait à participer. "Rien, cela ne vous regarde pas." Lassee, elle se fatiguait de le regarder sans le,toucher alors que sa fatigue la pouvait dans ses bras. Elle se detourna et reprit sa marche.

Il la suivit, n'en ayant pas terminé pour sa part "Vous parliez à Gideon, pas vrai? Et vu ce qu'il a dit vous vous entrainez. Tous les soirs. Pour quelque chose qui déplairait fortement à votre père..." Il avait bien sûr une idée assez précise de ce qu'ils faisaient, mais il pouvait se tromper. "Et vous ne m'en avez pas parlé!"

"Pourquoi vous en aurais-je parlé? Nous ne sommes pas amis." Elle continuait de marcher, une pointe d'amertume dans la voix. "Quoi que je fasse, vous devez sans doute savoir que j'ai une bonne raison de le faire, que ce soit avec Gideon ou quelqu'un d'autre." Elle ne voulait pas lui en parler tant qu'elle pourrait l'éviter.

Il vint se placer devant elle pour l'arrêter, prenant son bras, irrité par son ton et cherchant son regard pour la première fois depuis longtemps. "Je me fiche que ce soit avec Gideon. Vous vous entrainez pour combattre les Mangemorts, c'est ça?"

Elle ne put empêcher une grimace de venir sur son visage lorsqu'il lui prit le bras. Elle était blessée au bras à cause d'un sort. Elle le dégagea doucement. Elle ne voulait pas lui dire, car il tenterait de l'arrêter. Elle n'avait pas l'intention d'arrêter et encore moins de le laisser entrer dans ce combat qui ne lui correspondait pas. Elle prefererait qu'il retourne aux états Unis dès la fin de l'année, afin qu'il s'éloigne du conflit autant que possible. Elle s'éloigna. "Cela ne vous concerne pas. Je suis une grande fille et je n'ai pas besoin de vous informer de mes activités."

Mais elle avait beau protester il la suivait quand même, vexé qu'elle ne veuille pas lui dire et qu'elle cherche à l'exclure de cette bataille. "Je vous avais dit que je voulais participer! Je veux aider! Et si c'est avec cette tête que vous comptez vous battre c'est mal parti, vous serez morte d'épuisement avant le premier sort!"

"Je tiendrai le coup! Vous me sous-estimez tous!!" elle le regarda. "Moi je vous répète, vous ne devez pas participer et vous devez vous en aller dès la fin de l'année, su vous avez un minimum de neurones. Vous n'êtes pas encore dans leur radar, profitez en."

Alors c'était ça. Elle ne lui avait rien dit parce qu'elle s'inquiétait pour lui. Elle voulait qu'il parte. En la laissant là. Hors de question. Il se pinça les lèvres, la regardant. "Je vous le répète : je ne pars pas. Je veux en faire partie, et si vous ne m'aidez pas je trouverai quelqu'un qui le fera." Il ajouta plus bas "Je ne vous laisse pas."

"Et à qui allez-vous vous adresser? Vous n'avez aucune manière de savoir qui est dans quel camp. Pas plus que nous." Elle s'arrête et croise les bras. "Je répète professeur Thompson, restez en dehors de tout ça. La fin de l'année approche et vous avez une chance de vous en tirer." Elle était presque suppliante à la fin. Pourquoi ne le lâchait il pas?

"Il y a une personne dont je suis sûr qu'elle est avec vous, c'est Dumbledore. Et il n'est pas bête au point de manquer une occasion d'avoir mon aide." Il soupira, comprenant sa frustration, mais refusant catégoriquement de l'abandonner. "Vous voulez que je fuis? Que j'aille me mettre bien à l'abris à l'autre bout du monde? Et quoi d'autre? Que j'oublie que vous vivez une guerre, que vous êtes en première ligne? Je suis censé passer à autre chose?! Arrêter de penser à vous toute la journée?? Non! Ca ne marche pas comme ça!! Je vais rester, et je vais me battre avec vous! Et si on meurt, ce sera ensemble!! Je ne pars pas, jamais!"

Elle s'emporta à son tour, haussant la voix. "Ce que j'attends de vous, c'est que vous retourniez chez vous. Que vous rencontriez une magnifique et plantureuse américaine qui comprendra comment fonctionne votre monde à vous, qui est apparemment bien différent du mien et qui sera capable de vous rendre heureux, dans un monde en paix, où vous pourrez être près de votre famille pour vous construire un avenir. Et à ce moment là, que je sois en première ligne ou non, vous n'en aurez rien à faire. Alors oui, je vous demande de faire ça.,il est hors de question que vous vius battiez avec nous alors que vous pouvez encore courir pour avoue une vie heureuse. Je ne veux pas qu'on meure ensemble, je veux que vous viviez heureux, alors maintenant, vous allez me laisser faire ce que bon me semble et ce sera mon problème. Je n'ai pas l'intention de vous dire ce que je fais, ni avec qui, parce que vous pouvez passer à autre chose si vous êtes ailleurs!!"

"Oh mais c'est trop tard pour ça! Beaucoup trop tard! Je sais ce que vous faites, je sais avec qui, et il n'y a absolument aucun moyen que je passe à autre chose! Je n'ai rien à faire des américaines plantureuses, croyez bien que si c'était le cas je ne serais pas en train de crever de chagrin à cause d'une petite anglaise!! Mettez vous dans la tête que vous n'arriverez pas à vous débarrasser de moi! Alors oui je suis nouveau, le pauvre étranger qui n'y connaît rien, loin de chez lui! J'ai bien compris! Poudlard c'est chez vous, ce pays c'est chez vous, je suis différent et ce ne sera jamais à moi! Allez vous faire voir!! Cet endroit m'a recueilli comme vous, comme les élèves, comme tout le monde! Je m'y suis reconstrui, je m'y suis attaché, cet endroit c'est chez moi!! Je le défendrai même si vous devez me mettre des gifles et me cracher au nez! Je préfère être ici avec vous, même si vous m'ignorez que loin et sans vous."

Elle avait de la peine à encaisser tout ce qu'il disait et si ça ne mettait pas en danger sa mission, elle aurait foncé dans ses bras pour lui dire qu'elle souffrait aussi, quelle tenait aussi à lui et qu'elle mourait de chagrin. Qu'elle voulait l'avoir à ses côtés lors de batailles et simplement compter sur lui à chaque détour. Mais elle ne le pouvez pas. "Andrew... C'est vous qui avez demandé à ce que nous ne soyons plus rien. Je ne vous ignore pas. Je serais incapable de le faire, vous prenez à mes yeux tout l'espace et toute la lumière d'une pièce." Elle parle doucement "Bien sûr que Poudlard vous a accueilli. Cet endroit est chez vous au même titre que chez moi et jamais je ne pourrais prétendre que ce monde ne vous appartient pas." Elle s'approche un peu de lui."Je veux simplement que vous considériez votre issue de secours qui est juste là."

Il se calma aussi sous ses paroles. Oui c'était lui qui avait demandé à ne plus la voir, c'était même lui qui l'évitait, ça ne voulait pas dire pour autant qu'il ne rêvait pas d'aller la rejoindre dans sa chambre à chaque instant, lui demander ce qui causait ces cernes sous ses yeux, enlever cet air inquiet de son visage, juste la serrer contre lui et faire en sorte qu'elle aille bien. La protéger. L'aimer. Il prit ses mains, doucement. "Ivy... S'il y avait le moindre moyen de vous faire partir avec moi... De vous mettre en sécurité... Je partirais. Mais c'est notre bataille. Je voudrais le vivre avec vous. Laissez moi participer. Ensemble."

Elle était si fatiguée. Tellement d'heures d'entraînement, tellement de jours en pensant à lui et en évitant de l'aimer, évitant de rêver de ses lèvres et de son corps, de leurs souffles emmêlés et de leurs baisers passionnels. Elle était fatiguée que la vie les sépare et que le danger se fasse sentir de plus en plus proche, l'obligeant à l'éloigner d'elle. Elle ne demandait que ce qu'il proposait. Ensemble. Son Coeur se serrait et la boule dans la gorge revenait. Elle ne put empêcher une main tremblante d'aller caresser sa joue. "S'il vous arrivait quelque chose, je ne pourrais jamais me le pardonner. Je ne pourrai jamais y survivre."

Il posa sa main sur la sienne, la regardant dans les yeux, comprenant ce qu'elle ressentait mais pas pourquoi elle pensait que c'était différent dans l'autre sens. Pourquoi croyait-elle que s'il partait et que quelque chose lui arrivait en Angleterre il pourrait s'en remettre? Il préférait veiller sur elle ici, et à deux ils seraient plus forts. "Je ressens la même chose. Mais nous veillerons l'un sur l'autre." Il prit sa main pour y poser un baiser.

Serait-ce vraiment si terrible s'il était à ses côtés? Le danger deviendrait-il plus difficile à affronter? Il la rendait si heureuse, si sûre d'elle, si... Femme. Serait-ce vraiment un mal? L'idée qu'il pouvait lui arriver quelque chose la faisait agoniser... Mais finalement, leur simple séparation la mettait dans cet état là, à l'orée de sa mort, sans se soucier de ce qu'il pouvait lui arriver. S'ils étaient ensemble, elle savait qu'elle ferait tout pour qu'ils puissent l'être aux yeux du monde, qu'en tant qu pure, elle puisse s'afficher avec un né moldu. Doucement, elle lâcha son souffle. "Gideon m'entraîne au combat."

Il lui sourit, vraiment heureux qu'elle cède. Cela représentait beaucoup à ses yeux. La fin d'une lente agonie véritablement. Il se pencha vers elle pour poser un baiser très léger, très bref sur ses lèvres, ne voulant pas se faire surprendre en public. "Pourrai-je vous rejoindre demain?"

Son sourire la surprit, mais plus encore le petit baiser. Automatiquement, elle regarda autour, pour être sure que personne ne les avait vus. Et il demanda à assister à l'entraînement le lendemain. Elle hésita. C'était censé être un secret et beaucoup de ses ami faisaient partie de ce groupe. Comment pourrait-il y aller sans qu'elle explique tout? Encore plus à Dumbledire... "Je ne veux pas que vous veniez à mon entraînement." Elle reprit ses mains pour les mettre dans ses poches. "Mais je peux suggérer aux autres ds vous accepter, si vous y tenez."

Il s'était un peu laissé emporter par son enthousiasme et se calma en la voyant regarder autour d'elle. Il ne réalisait pas complètement à quel point une relation de sang mixte était complexe. Il ne réalisait pas complètement non plus à quel point le secret devait être gardé de tout le monde, même de ses amis, mais il était prêt à l'accepter. Il hocha la tête "Oui, vraiment. Est-ce que je peux demander à quelqu'un moi-même?"