Elle n'avait pas vu le temps passer. Elle s'était assise dans un coin perdu de la bibliothèque et s'était donnée à fond dans son projet du moment. Elle écrivait un conte pour enfants, avec des animaux en guise de héros et des textes simples et basiques. Elle faisait beaucoup cela, rêvant secrètement que l'avenir lui permettrait d'en faire sa vie. C'était son rêve, pourvoir dessiner et peindre sans arrêt, écrire aussi librement ses histoires, les partager avec le monde, qu'ils voient ce qui lui tenait réellement à coeur, qu'ils découvrent ces instants de bonheur qui faisaient le sien, comme le plaisir de voir un chat s'approcher, de se réveiller le matin et trouver qu'on a de beaux cheveux, juste peut-être aussi le sourire d'une personne à qui on tenait. Les gens ne comprenaient pas ça, mais pour elle, il s'agissait de choses précieuses que les gens sous-estimaient bien souvent, qu'ils estimaient acquises mais qui ne l'étaient pourtant pas. Et elle profitait de ces choses là, elle, une simple brise dans les cheveux, un coucher de soleil sous les yeux, le goût de son plat préféré dans sa bouche.

Dans le noir à présent que le soleil s'était couché et le fond de la bougie consumé, elle regarda autour d'elle sans succès. Elle ferma aussitôt son cahier à sketches et se leva, armée de sa baguette, entreprit de quitter comme elle pouvait la bibliothèque. Il ne devait tout de même pas être si tard que ça, si ? Elle chercha partout une horloge sur son passage, mais elle ne vit rien qui puisse l'aider. Il n'y avait plus d'élèves dans le couloir, mais elle savait que son ventre aurait réclamé si elle avait largement dépassé l'heure du dîner. Ah, peut-être qu'ils étaient tous entrain de manger. Elle frissonna. Elle n'aimait pas l'idée de se retrouver seule dans les couloirs à une heure pareille, pas depuis que le climat avait changé à Poudlard et qu'il n'était plus possible de savoir exactement qui était omnivore et qui ne se nourrissait que de sang. Tous les couloirs pouvaient représenter un danger, chaque recoin votre arrêt de mort ou votre transformation. Elle était encore surprise qu'aucun élève ne soit mort entre les mur de cette école, vu les créatures qui y cohabitaient. Mais c'était une joie. Elle se dirigea vers la Grande Salle, qui était plus bas, mais les lumières ne semblaient plus fonctionner. Ce n'était pas rassurant...

Sans trop savoir où elle marchait, n'ayant pas eu le temps de sortir sa baguette, elle trébucha et choisit apparemment de se retenir à la hache d'une des armures qui fit un grand bruit de ferraille, mais qui lui causa une coupure assez profonde pour qu'elle sente le sang couler et la douleur poindre. Elle grimaça et porta la blessure à sa bouche, ne pouvant pas retenir de l'autre main qui tenait le carnet. Elle détestait le goût du sang, mais elle savait que le laisser goutter sur son chemin serait un invitation ouverte pour les vampires qui pourraient errer dans les couloirs. Alors elle fit ce qu'elle pouvait pour contenir le sang, sachant désormais que sa destination serait l'infirmerie et plus la Grande Salle. Elle distinguait au bout du couloir les lumières des escaliers, là au moins elle pourrait être dans la lumière et savoir au moins où elle allait. Si seulement Poudlard était plus petit, elle pourrait sans doute voir ce qui se tramait sur son chemin... Si Poudlard était plus petit, peut-être aurait-elle pu voir le vampire qui s'approcha derrière elle.

Elle n'entendit ni ne vit rien, tout ce qu'elle sentit, ce fut ce froid l'envahir par derrière, comme si un fantôme la frôlait. Elle sursauta et se retourna.

« Qui va là ? »

Mais elle ne vit rien et lorsqu'elle fouilla dans sa poche, ne trouva pas sa baguette. Elle devait l'avoir lâchée derrière en tombant, mais elle n'avait aucune chance de la trouver à ce moment là. Elle se dit que ce n'était que son imagination et se remit en route. Mais là, elle entendit un bruit et se figea, la peur l'envahissant.

« Est-ce qu'il y a quelqu'un ? »

Son corps entier semblait s'être glacé à présent et elle savait qu'il y avait quelqu'un juste là. Elle ne comprit pas ce qui lui arriva lorsqu'elle fut projetée contre le mur, elle ne put que lâcher un cri. Elle sentit des mains froides l'agripper et la coller au sol et un nez frôler son poignet, puis sa main ensanglantée. Son carnet de sketches avait volé au loin, éparpillant des feuilles volantes dans le couloir, elle était là, elle tremblait de peur.

« S'il te plaît, ne fais pas ça, s'il te plaît... »

Elle sentait encore la personne près d'elle et lentement, elle sentit la bouche s'ouvrir près de sa main, comme si elle dégustait le sang qui coulait. Puis des dents, froides, elle sentit les dents qui se posaient sur sa chair et elle cria, en se débattant:

« NOOOON, LÂCHE MOI, LAISSE MOI PARTIR !!!!! A L'AIDE, QUELQU'UN !!!! »

Les dents commençaient à s'enfoncer et en plus de sentir la douleur lancinante de sa coupure, elle sentait à présent le coupant de ces dents qui pénétraient dans sa chair. C'était un vampire, se débattre était inutile.