Le soleil était déjà haut dans le ciel, quand Camille descendit vers la lisière de la Forêt Interdite. Le temps était sublime, pas un seul nuage ne venait troubler le ciel bleu azur et une légère brise rafraîchissait l’air. De quoi donner envie à quiconque de passer sa journée dehors. Rien que la perspective d’une salle de classe donnait des nausées à la majorité des élèves. Alors, pour une fois, le cours de Soins aux Créatures Magiques était vraiment attrayant pour tout le monde. Au moins, ils seraient tous à l’extérieur, réchauffés par le soleil et enjoués d’être au contact de la nature, plutôt qu’un vieux grimoire et du parchemin. Camille avait toujours adoré ce cours-là. C’était la seule heure où on ne s’ennuyait pas en prenant des notes dans une vieille salle usée dans un silence de mort, brisé seulement par le grattement des plumes sur les parchemins. Ce cours était vivant. Et puis, comme ça, Camille ne gênait pas tout le monde en se remuant sans arrêt sur sa chaise ou en parlant sans cesse avec ses voisins.

De plus, aujourd’hui, ils allaient tous découvrir leur nouveau professeur. Ils espéraient tous tomber sur quelqu’un de sympa, assez cool au niveau de la discipline et qui aurait un minimum d’humour. Parce que les gens coincés du postérieur comme profs, c’était juste une torture pour les élèves. Il suffisait d’ouvrir la bouche pour se voir coller une dissertation sur les effets néfastes de l’Achillée Sternutatoire. Et je peux vous dire que c’était une lourde punition. Alors un professeur tolérant, ça aurait vraiment été parfait.

Camille marchait en compagnie de son petit ami Ryan, ne cessant de le taquiner sur le chemin. Ils rigolaient tous deux, s’embêtant à tour de rôle comme de vrais gamins. En arrivant finalement au niveau du petit groupe d’élèves déjà réunis pour le cours, Ryan lui chuchota dans l’oreille « Tu perds rien pour attendre, toi… ». Camille esquissa un sourire en coin puis fixa son attention sur la jeune femme assise sur une souche d’arbre. C’était une blague ? N’avait-elle pas quelque chose d’encore plus décolleté ? Toutes les filles la fusillaient du regard. Les garçons quant à eux bavaient presque, en louchant sur son bustier. Et elle était professeur… Waw, le cours risquait d’être particulier. Et pas dans le bon sens du terme… La jeune Hayes passa son bras autour de la taille de Ryan, histoire de bien lui rappeler qu’il avait une copine, qu’il n’avait pas à fantasmer sur la nouvelle prof. Sinon, c’était lui qui perdait pour attendre…

Souriant et affable comme à son habitude, le Serdaigle se dirigeait vers son cours de soin aux créatures magiques accompagné de ses amis. Il se demanda qui était la nouvelle prof dont on entendait tant parler. On disait qu’elle était canon, provocatrice, jeune... Lui était plutôt du genre classique voir vieux jeu, alors une prof comme ça, ça l’intriguait. Mais ce qui le travaillait le plus ce matin là, c’était les créatures magiques. On lui avait dit que ces bestioles pouvaient sentir le loup garou chez les humains, et il ne voulait pas qu’une créature le dévoile devant tout le monde! Pour vivre heureux, vivons caché, c’était son mot d’ordre.

Il prit donc bien soin en arrivant de se placer au dernier rang, face au vent, là où les animaux ne pourraient ni le voir ni le sentir. Quelle poisse, il n’allait pas bien pouvoir suivre! Il aimait bien ce cours pourtant! Les animaux c’était son truc, il avait quand même grandi dans une ferme, il avait un bon feeling avec les bêtes. Il verrait bien, peut être que les créatures n’en avaient rien à faire des loups, qui sait?

Mais quand il vit la prof, il eu comme un sentiment bizarre. La prof de soin aux créatures était... une créature. C’était une louve, comment les autres ne pouvaient pas le voir?? Ça crevait les yeux! Elle... sentait le loup. Il regarda autour de lui, en effet les garçons la regardaient, mais pas exactement de la même manière... Ils ne fixaient pas son visage... Il eut une violente envie de leur grogner au nez. Ils ne voyaient pas que c’était une femelle dominante?! Lui n’avait qu’une envie c’était de s’allonger sur le dos la queue entre les jambes. Quoi qu’en y pensant, c’était furieusement bestial et ridicule. Mais qu’est ce qui lui prenait?

Peut être que c’était parce que c’était la première fois qu’il rencontrait une louve plus âgée que lui. Aussi parce qu’il n’appartenait à aucune meute. Si on pouvait appeler «meute» les petits clans que montaient les élèves lupins entre eux. Finalement les gens arrivaient, et Shane ne faisait pas du tout attention à ce qu’il se passait, obnubilé par cette femme. Il faut ramené à la réalité par le coup de coude d’un ami «arrête de mater son décolleté elle va te griller!». Il baissa les yeux, honteux mais seulement parce qu’il n’aimait pas sentir qu’il agissait comme un animal. Il était humain et personne n’allait lui prendre ça!